L’Être n’est pas de l’animal !

 

La soumission est le principe actif de l’obéissance. L’obéissance identifie les comportements à des fonctions instinctives, et qui fait que l’on mange pour ne pas mourir, on copule pour engendrer, on travaille dans un ordre hiérarchique pour les besoins d’un groupe. L’obéissance réduit les individus au besoin de leurs fonctions.


Socrate

 

Ce qui distingue tout être humain, de son genre animal, c’est justement de pouvoir échapper à ses fonctions en les transcendant, par le plaisir qu’il rencontre, le sentiment qu’il développe et l’apparition de la conscience dans ce mouvement, de sorte que la nourriture, tout comme la copulation se trouvent détournées de leur fonction, pour l’objet du plaisir qu’il provoque, et pour lequel une culture se construit. L’être humain, dans sa liberté, mange pour une multitude de raisons, mais non pour colmater une famine, et il copule pour une multitude de raison, et non pour assurer à l’espèce sa survie.

L’être humain n’est pas d’abord une fonction biologique, mais un être pensant.

La médecine, qui est bâtie sur le raisonnement d’une observation particulière liée à la philosophie rationaliste occidentale, et que l’on identifie à l’esprit cartésien, mais que l’on doit, en fait, à Claude Bernard, le fondateur de la médecine expérimentale, tend à inverser les conclusions auxquelles le raisonnement l’amène, parce qu’elle est une activité qui ne prend en compte que le fonctionnement des organes, sans se soucier de l’esprit qui habite cette viande, de sorte qu’elle réduit l’être humain à une espèce animale, qu’elle divise en autant d’appareils qu’il y a de fonction, et autant de fonction qu’il y a d’organe. Ainsi, la médecine va distinguer un appareil digestif, un appareil respiratoire, un appareil sexuel qu’elle subdivise en appareil mâle et appareil femelle…Pour, finalement conclure que l’être humain est d’abord une espèce à mamelles, pour la distinguer sans doute des poissons dont on peut bien dire que leurs yeux ne brillent pas d’une évidente intelligence.

Il est tentant de réduire l’espèce humaine à un système fonctionnaliste. C’était justement le projet des Nazi (et aussi des Marxistes) lorsqu’ils voulaient se distinguer de l’ensemble de l’humanité, en réduisant cet ensemble à une sous-catégorie humaine, c’est-à-dire à une fonction strictement animale. Parce que se croyant investi d’une mission messianique les élevant au-dessus de ce système fonctionnaliste, les Nazi (et aussi les marxistes) ont été amenés à se croire sur-humain, et par conséquent à organiser l’abattage industriel de toute la sous-espèce. L’idée qui consiste à voir chez l’humain, d’abord un animal, nourrit l’esprit de ceux qui justifient idéologiquement la puissance et dont la nature est sur-humaine, parce qu'ils voient dans l'humaiin, l'humain ordinaire, l'humain qui répond à sa nature biologique, une réduction de la sexualité au rang de bestialité, mettant en jeu la fonction des organes sexuels comme organe reproducteur, et pour lesquels toute autre sexualité est perverse. C’est là-dedans que se trouve l’origine de la répression sexuelle, et qu’illustre d’ailleurs abondamment des passages de la Bible, et qui nourrie le racisme. En cela et acontrario, les Nazi démontrent que l’espèce humaine est de l’Être, et non une espèce animale soumise à ses organes, tributaire de la nature, inféodée aux climats. Et si les Nazi ont inventé la solution finale, c’est précisément parce qu’ils n’étaient pas des animaux, ni des sauvages, ni des barbares, mais des malades mentaux. Et cela fait une différence fondamentale. Les Nazi ont démontré, acontrario, qu’il y a de l’Être partout, y compris jusque dans l’horreur.

Un certain nombre de biologistes approuvent l’idée que l’être humain est d’abord une fonction animale. Cela a donné lieu à une controverse passionnée, mais inquiétante, mettant en relief l’activité de certains chercheurs pour des idées douteuses, notamment dans le domaine de la reproduction artificielle, autrement appelée clonage. Si le principe actif de l’Être est d’être un assemblage de fonction, alors qu’est-ce qui interdirait le clonage ? Si, à l’inverse, l’Être transcende cet assemblage, alors il n’est pas réductible. C’est ce qui explique l’apparition des religions. Les religions ne sont pas un regroupement délirant d’individus perdus, mais l’idée qu’il y a de l’Être partout. Mais, les religions confisquent à l’homme sa dimension transcendantale, et le rabaissent à un être enfermé dans le malheur, la méchanceté, le vice, la petitesse…pour la retrouver désincarnée dans l’objectivité de l’esprit, objectivité appelée selon les coutumes Dieu ou Bouddha, etc… et qui réduit l’homme à une nature sacerdotale, le privant de ce qu’il est fondamentalement, c’est-à-dire non pas un être bon ou mauvais, c’est-à-dire sensible, mais pensant.

L’Être humain n’est pas un être sensible au cœur tendre, mais un être pensant. Et la pensée contient sa propre perversion, de sorte que ce que l’être produit, son humanité, se trouve dévoyé sous forme de programme particulier par ceux qui en prennent autoritairement la direction, et qu’ils appliquent. La direction de ce programme, c’est ce qu’on appelle l’Etat.



Terminé le 23 juin 2004

 

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